Suivi diététique

Chirurgie de l'obésité

Chewing-gum après chirurgie bariatrique

Un regard adapté aux opérés (sleeve, bypass, anneau)

La chirurgie bariatrique (sleeve gastrectomie, bypass gastrique, etc.) modifie profondément l’anatomie digestive mais aussi les habitudes alimentaires, la tolérance des aliments, et impose de nouveaux réflexes nutritionnels. Dans ce contexte, des habitudes « banales », comme mâcher un chewing-gum, peuvent devenir questionnables. Faut-il l’éviter, le limiter, ou peut-on l’utiliser ? Cet article fait le point.

Pourquoi le chewing-gum peut poser problème

Voici les principaux mécanismes par lesquels le chewing-gum peut interférer avec la récupération ou le bon suivi après chirurgie bariatrique :

  • Ingestion d’air et distension gastrique : Mâcher un chewing-gum entraîne automatiquement la mastication mais aussi souvent l’ingestion d’air (« aérophagie »), ce qui peut générer des ballonnements, des remontées, une distension de la poche gastrique ou du montage chirurgical.
  • Effet stimulant sur les sécrétions digestives / appétit : Le simple acte de mâcher stimule la salivation et la production d’enzymes digestives, ce qui peut réveiller des signaux d’appétit ou une envie de manger, ce qui n’est pas souhaitable dans la période post-opératoire où les volumes sont très limités.
  • Risque de gêne ou inconfort digestif : Certains chewing-gums (notamment les sans sucres) contiennent des alcools de sucre (sorbitol, maltitol, xylitol…) qui peuvent chez certains opérés provoquer des gaz, des diarrhées ou des crampes intestinales, en particulier dans un tube digestif modifié.
  • Complication potentielle liée à la déglutition du chewing-gum : Même si c’est rare, le fait d’avaler un chewing-gum – ou que des fragments restent – peut poser problème dans un circuit digestif qui a été modifié (réduction de volume, anastomose, passage resserré). Certains chirurgiens déconseillent donc le chewing-gum, surtout pendant les premières semaines. 

Que disent les recommandations ?

Une fiche d’un hôpital britannique recommande d’éviter le chewing-gum après une chirurgie bariatrique : Hôpitaux de Plymouth
Une autre source américaine indique que « La plupart des chirurgiens recommandent d’éviter de mâcher du chewing-gum dans les semaines qui suivent immédiatement une chirurgie bariatrique. » Bari Life

Une étude récente (méta-analyse) sur chirurgie digestive (non exclusivement bariatrique) montre que mâcher du chewing-gum peut favoriser la récupération de la fonction intestinale après chirurgie abdominale (réduction du temps jusqu’au premier gaz, etc.). PubMed

Cela suggère que dans certains contextes chirurgicaux, le chewing-gum est un outil, mais pas nécessairement adapté aux montages bariatriques où le volume gastrique est réduit et la tolérance différente. 

Quelle attitude adopter pour le patient opéré ?

Voici des repères pratiques que vous pouvez proposer à vos patients :

Période immédiate post-opératoire (0-4 à 6 semaines selon protocole) : il est prudent d’éviter totalement le chewing-gum. L’objectif est de laisser la morphologie digestive se stabiliser, d’appliquer les stades liquides/purée/solide, et de contrôler l’apport alimentaire, sans stimulation inutile.
Après la phase de cicatrisation (après 6-8 semaines voire davantage) : Si le chirurgien et le diététicien le permettent, le patient pourrait envisager un chewing-gum occasionnel,
.
Alternative plus simple : Si le patient « sent » le besoin de mâcher (par habitude, envie de fraîcheur, etc.), vous pouvez proposer :

  • un bonbon sans sucre 
  • un rinçage buccal avec bain de bouche
  • une hydratation supplémentaire ou mastication d’un bâtonnet de céleri (si toléré) comme occupation orale.

Pourquoi privilégier la prudence ?

Après chirurgie bariatrique :

Le volume gastrique est réduit, l’anastomose ou la poche ont des caractéristiques particulières qui demandent à être respectées.
Les signes d’inconfort (pression, remontées, satiété très rapide) doivent être pris au sérieux.
Le maintien des protéines quotidiennes, l’hydratation et la tolérance digestive sont prioritaires.
Même si le chewing-gum peut sembler bénin, il peut devenir un élément perturbateur dans l’équilibre post-opératoire.

En résumé

Pour vos patients opérés, vous pouvez proposer cette phrase-clé :

« En postopératoire immédiat, évitez le chewing-gum. Plus tard, s’il est autorisé par votre équipe, choisissez-le sans sucre et en contrôle, et vérifiez bien votre tolérance. »